(de-news.net) – Des responsables politiques de premier plan continuent de prévoir une résolution prochaine du dossier des retraites en Allemagne. Jens Spahn, chef du groupe parlementaire CDU/CSU, s’est dit confiant quant à la conclusion d’un accord au sein de l’alliance, malgré la poursuite des négociations avec les 18 membres du Groupe des jeunes de l’Union et les représentants de l’aile économique, qui rejettent le plan actuel, le jugeant financièrement insoutenable. Ces jeunes parlementaires ont déjà soumis des propositions à la direction du SPD, demandant des révisions lors du processus législatif.
Au sein de l’Union, des discussions sont en cours concernant l’attribution d’un rôle officiel à Johannes Winkel, chef du Groupe des jeunes, au sein de la commission des retraites. Ce faisant, ils signaleraient les ambitions de réforme et donneraient à la jeune faction une place visible dans l’élaboration de la politique à long terme. La coalition entend soumettre le projet de loi au vote du Bundestag début décembre, mais sans le soutien du Groupe des jeunes au Parlement, l’obtention d’une majorité semble compromise. Le groupe a critiqué la stabilisation prévue du niveau des pensions au-delà de 2031, la jugeant inabordable et inéquitable pour les jeunes générations.
Le président du SPD, Lars Klingbeil, a rejeté les modifications, tandis que le chancelier Merz poursuit sa campagne pour leur approbation. Andreas Jung et Manuel Hagel, figures importantes de la CDU, ont suggéré des concessions, notamment la possibilité pour les jeunes parlementaires de participer directement à l’élaboration d’une réforme plus large, via une commission politique, plutôt que de confier cette tâche uniquement à des experts externes. Ils estiment qu’une telle implication permettrait d’équilibrer les intérêts des différentes générations et d’établir un cadre durable pour le financement des retraites. Ce débat a suscité de vives réactions au sein de la jeunesse du SPD. Philipp Türmer, dirigeant des Jusos, a condamné l’opposition de l’Union, affirmant que le véritable fossé se situe entre riches et pauvres, et non entre les générations. Il a plaidé pour un renforcement du système de retraite légal par l’élargissement du nombre de cotisants et une redistribution accrue.
Bärbel Bas, présidente du SPD, a exhorté l’Union à ne pas faire obstruction à la réforme, soulignant que le texte avait déjà été validé lors des négociations de coalition. Winkel s’est toutefois montré optimiste quant à l’issue des délibérations parlementaires, évoquant des signes de compréhension de la part des membres du SPD et les mises en garde d’experts concernant la viabilité budgétaire à long terme. La vice-présidente du SPD, Wiebke Esdar, a défendu la proposition, la jugeant essentielle à la stabilité au-delà de 2031, tout en laissant ouverte la question de l’inclusion des fonctionnaires. La coprésidente des Verts, Franziska Brantner, a quant à elle reconnu les préoccupations relatives à l’équité intergénérationnelle, mais a averti que le rejet de la proposition pourrait entraîner le basculement de millions de citoyens vers une pension de retraite de base.
Parallèlement à ces débats, le Bundestag a entamé des délibérations formelles sur la proposition gouvernementale de « retraite active », destinée à encourager les personnes âgées à rester en activité grâce à des incitations fiscales. Ce plan prévoit une exonération fiscale mensuelle de 2 000 euros pour les personnes ayant atteint l’âge légal de la retraite tout en continuant à exercer une activité professionnelle cotisant à la sécurité sociale. Sa mise en œuvre est prévue pour la fin de l’année. Les partisans de la coalition affirment que cette mesure renforcerait le marché du travail et l’économie, tandis que les membres de l’opposition mettent en garde contre les risques constitutionnels liés à une imposition basée sur l’âge et plaident plutôt pour une communication plus transparente sur les possibilités existantes de percevoir des revenus complémentaires en plus des pensions.
Parallèlement, le système de retraite dans son ensemble demeure très controversé. Les économistes Veronika Grimm et Martin Werding ont exhorté la coalition à revoir sa stratégie globale, critiquant des dispositions telles que l’extension de la « pension de maternité » et le plafonnement des pensions, qu’ils jugent financièrement inadaptées et démographiquement erronées. Ils recommandent de lier l’âge de la retraite à l’espérance de vie, d’ajuster les prestations à l’inflation plutôt qu’aux salaires et de réintégrer le critère de viabilité. Ces deux économistes insistent sur le fait que des réformes structurelles plus profondes sont indispensables pour garantir la viabilité à long terme du système, prévenant qu’en l’absence de telles mesures, le fardeau financier pesant sur les générations futures deviendra de plus en plus insoutenable.