(de-news.net) — Les commémorations officielles du 35e anniversaire de la réunification allemande ont débuté à Sarrebruck par une cérémonie œcuménique, donnant le ton à une série d’événements prestigieux. Cette ouverture solennelle a souligné la portée historique de l’événement et reflété l’importance durable de l’unité nationale. Étaient présentes à la cérémonie des personnalités clés du gouvernement fédéral, dont le chancelier Friedrich Merz (CDU), le président fédéral Frank-Walter Steinmeier, la présidente du Bundestag Julia Klöckner, la présidente du Bundesrat Anke Rehlinger et le président de la Cour constitutionnelle Stephan Harbarth. Des délégations des différents Länder étaient également présentes, renforçant ainsi la portée nationale et le caractère inclusif de l’événement.
La Sarre, qui assure actuellement la présidence tournante du Bundesrat, a accueilli les commémorations. Les festivités à Sarrebruck s’étendent sur plusieurs jours, avec une fête populaire animée déjà en cours dans le centre-ville. Les organisateurs prévoyaient que le nombre de participants atteindrait plusieurs centaines de milliers dès le lendemain, témoignant d’un large engagement du public pour cet anniversaire.
Le chancelier Merz appelle à l’unité face aux transformations
Dans son discours, le chancelier Merz a saisi l’occasion pour lancer un appel à une cohésion nationale renouvelée, exhortant les citoyens à faire preuve d’unité, de confiance et de détermination civique face aux défis sociétaux croissants. Il a souligné que la période actuelle était non seulement complexe, mais aussi potentiellement transformatrice, exigeant un effort concerté pour renforcer les liens sociaux, dissiper les idées reçues et combler les divisions croissantes au sein de la population.
Merz a décrit le moment présent comme une période d’incertitude accrue, marquée par la résurgence de questions fondamentales concernant l’identité et l’équilibre intérieur de l’Allemagne. Il aurait exprimé son inquiétude face au déclin de l’influence des modèles démocratiques occidentaux et mis en garde contre l’affirmation croissante des régimes autocratiques, qu’il considérait comme une menace directe pour les valeurs et les institutions démocratiques libérales.
Le chancelier a également attiré l’attention sur les profondes mutations du paysage économique et technologique mondial, comparant l’ampleur des bouleversements à ceux des premières phases de l’industrialisation. Il a suggéré que la transformation en cours remodelait les structures économiques à un point tel que les engagements sociaux précédemment acceptés ne pouvaient plus être maintenus dans leur forme initiale. En Allemagne, il a identifié l’immigration irrégulière comme un facteur contribuant à la polarisation sociale, arguant qu’elle avait intensifié les divisions et exercé une pression supplémentaire sur la gouvernance démocratique.
Malgré ces inquiétudes, Merz a encouragé l’opinion publique à considérer la conjoncture actuelle non pas comme une menace, mais comme une opportunité. Il a appelé à une large participation citoyenne pour façonner l’avenir du pays et a réaffirmé le principe d’autodétermination démocratique, affirmant que l’autorité politique doit rester la volonté collective du peuple plutôt que concentrée entre les mains de quelques-uns.
Dans une allocution prononcée avant la cérémonie, Merz avait déjà souligné l’importance de la solidarité et de l’engagement mutuel, présentant la réunification comme le fruit d’actions courageuses plutôt que comme une fatalité historique. Il a réaffirmé que la diversité de l’Allemagne devait être considérée comme une source de force et de résilience.
Rehlinger et Zupke soulignent les contributions de l’Est
La présidente du Bundesrat, Anke Rehlinger, a rendu hommage au courage des citoyens est-allemands descendus dans la rue pour protester contre le régime autoritaire de la RDA. Elle a reconnu que leur détermination et leur engagement civique avaient jeté les bases de la réunification, soulignant que leurs actions avaient créé les conditions d’un avenir démocratique. Tout en reconnaissant les progrès considérables accomplis au cours des trois décennies et demie écoulées, Rehlinger a averti que le processus d’intégration restait inachevé. Elle a souligné la sous-représentation persistante des Allemands de l’Est aux postes à responsabilité dans la politique, les entreprises et la société civile, preuve des disparités persistantes.
Evelyn Zupke, commissaire du Bundestag aux victimes du régime du SED, a également évoqué l’héritage historique de l’activisme est-allemand. Elle a décrit le 3 octobre comme une journée de profonde gratitude, notamment envers ceux qui ont enduré l’emprisonnement politique sous l’ancien régime. Mme Zupke a affirmé que les sacrifices consentis lors du processus de réunification avaient été appréciables, notamment pour ceux qui vivaient désormais en liberté. Elle a souligné l’importance de se souvenir de ceux qui ont lutté pour la liberté et l’autodétermination, affirmant que sans leurs efforts, ni la révolution pacifique ni la réunification de l’Allemagne n’auraient été possibles.
Réflexion sur un contexte plus large
Le président français Emmanuel Macron, présent aux commémorations en tant qu’invité d’honneur, a offert une perspective européenne plus large sur la réunification allemande. Dans son discours, il a qualifié cet événement de moment charnière de l’histoire moderne et de moteur de l’intégration européenne. Macron a averti que la paix qui avait régné sur le continent pendant 80 ans était désormais confrontée à des menaces sans précédent. Il a appelé à une vigilance accrue dans la défense des valeurs démocratiques et des libertés fondamentales communes, soulignant la nécessité de l’unité face à la montée des tensions géopolitiques.
La réunification officielle de l’Allemagne a été promulguée le 3 octobre 1990, à la suite de la révolution pacifique en République démocratique allemande (RDA) à l’automne 1989. Cette transition historique a conduit à l’adhésion du Brandebourg, du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, de la Saxe, de la Saxe-Anhalt et de la Thuringe à la République fédérale d’Allemagne, remodelant ainsi le paysage politique européen.
Un écart de revenus qui se réduit
Parallèlement aux commémorations, de nouvelles données publiées par l’Office fédéral de la statistique et obtenues par l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) ont mis en lumière l’évolution des relations économiques entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. Ces chiffres indiquent une réduction progressive de l’écart de revenus, même si des disparités subsistent. En 2024, le revenu disponible médian des ménages à l’Est s’élevait à 32 833 euros, contre 38 127 euros à l’Ouest, soit une différence de 5 294 euros, soit 13,9 %. Il s’agit d’une légère amélioration par rapport aux années précédentes : en 2023, l’écart était de 5 559 euros (15,2 %), en 2022 de 5 728 euros (16,2 %) et en 2021 de 6 026 euros (17,2 %). Sur quatre ans, l’écart annuel de revenus a diminué d’environ 700 euros.
Sahra Wagenknecht, dirigeante du BSW, a exprimé son mécontentement quant au rythme de la convergence, affirmant que la réduction des écarts de revenus n’était pas le résultat de progrès significatifs à l’Est, mais plutôt la conséquence de la stagnation économique à l’Ouest. Elle a soutenu que les augmentations nominales des revenus n’avaient pas suffi à compenser la forte hausse du coût de la vie, notamment dans des secteurs essentiels comme l’alimentation et l’énergie.